Cancers ORL : le Chirurgien-Dentiste en 1ère ligne.

Les cancers de la sphère ORL sont les 5ème cancers les plus fréquents en France 1. Avec 4 000 décès par an, les « cancers de la bouche » tuent autant que le mélanome et le cancer du col de l’utérus.

Pourtant, seul 1 Français sur 4 en a déjà entendu parler 2 contre environ 90% pour le cancer du sein ou celui de la peau. La quasi-totalité des Français a peu conscience de la prévalence de ces cancers, les plaçant en dernière place en termes de fréquence (alors qu’ils sont les 5e !).

Or bien souvent, la négligence à l’égard de sa santé bucco-dentaire est en partie responsable de ce fléau. Le chirurgien-dentiste est donc un acteur clef du dispositif de lutte contre ces cancers, aussi bien pour détecter que pour sensibiliser.

15 000 nouveaux cas annuels

Les cancers ORL ou cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) représentent 15 000 nouveaux cas par an en France. Ces cancers sont en constante augmentation. Pourtant l’enquête menée par IPSOS révèle que plus de 8 Français sur 10 (82%) se sentent mal informés sur les cancers VADS contre 34% pour les cancers en général.

Il s’agit dans 90% des cas de carcinomes épidermoïdes c’est à dire des cancers développés à partir de la muqueuse.  il existe également des tumeurs plus rares pouvant correspondre à d’autres histologies (adénocarcinome de l’ethmoïde, UCNT du cavum…).

L’âge moyen de survenue est de 63 ans. Dans les 3/4 des cas ces cancers surviennent chez des hommes et dans 1/4 des cas chez des femmes. Bien que les hommes soient, aujourd’hui encore, les plus atteints par ces cancers (70 % des 15 000 nouveaux cas par an), ce nombre tend à diminuer chez les hommes, et à augmenter chez les femmes ces 30 dernières années, notamment chez les personnes plus jeunes et non-fumeuses.

Détecter les signes

Le chirurgien-dentiste, par son habitude à examiner la cavité buccale et parce qu’il s’agit de son domaine d’activité, est sans aucun doute le praticien le plus apte à les détecter. Il est ainsi en première ligne diagnostique.

Les cancers de la bouche peuvent concerner le plancher de la bouche, la langue, les amygdales, le palais, les joues, les gencives ou les lèvres. Ils se développent à partir des muqueuses et donnent des symptômes différents selon la localisation :

  • La dysphagie ;
  • Une plaie dans la bouche qui ne guérit pas ;
  • Des picotements ou des douleurs persistants dans la bouche ou dans la gorge ;
  • Un ganglion qui grossit dans le cou ;
  • Des lésions blanchâtres et/ou rougeâtres dans la bouche, persistantes, sans cause précisément définie ;
  • Des saignements dans la bouche ;
  • Une difficulté ou une douleur lorsque le patient tire la langue.

Du point de vue de la fréquence, trois localisations prédominent: les amygdales, le plancher buccal et la langue.

Sensibiliser aux facteurs de risques

Autre enseignement de l’enquête conduite par IPSOS : entre 35 et 49% de la population n’identifient pas les facteurs de risque.

Le chirurgien-dentiste, outre son rôle dans le dépistage, est donc aussi impliqué dans une mission d’éducation. Il se doit de sensibiliser et d’éduquer ses patients aux addictions et particulièrement au tabac et à l’alcool.

Si le tabac est bien connu (85% des cancers des VADS sont dus au tabac), seule la moitié des Français cite la consommation d’alcool (deuxième facteur de risque) et l’exposition au papillomavirus (HPV), qui est aussi en cause dans la survenue de cancers de l’oropharynx.

La mauvaise hygiène buccale et les infections buccales chroniques sont d’observation courante chez les patients atteints d’un cancer buccal et peuvent représenter un facteur de risque. Certains streptocoques peuvent, par leur activité métabolique, favoriser la production d’acétaldéhyde, dont les propriétés cancérigènes sont connues.

La prévention, l’enseignement du brossage des dents, des détartrages annuels et un suivi dentaire, permettent de pallier un mauvais état dentaire et parodontal.

Malgré de notables progrès thérapeutiques, le pronostic des carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale doit encore s’améliorer. La prévention et la détection précoce restent les seules mesures réellement efficaces pour modifier son pronostic. Il s’agit d’un enjeu de santé publique.

https://www.gustaveroussy.fr/fr/cancers-orl-retrouver-une-voix-un-visage-une-vie

2 Sondage IPSOS réalisé en juin 2021 pour MSD France, une étude miroir sur les cancers ORL auprès de 1002 Français et 203 professionnels de santé (103 médecins généralistes et 100 dentistes)