COVID-19 : La parodontopathie favorise des complications
La Fédération européenne de parodontologie (EFP) vient de publier une étude qui révèle que les personnes souffrant d’une maladie parodontale seraient trois fois plus susceptibles de développer des complications à la suite d’une infection au coronavirus.
Cette étude, menée entre février et juillet 2020 auprès de 568 patients positifs Covid souligne ainsi l’importance de la santé parodontale, dans la prévention et peut-être même la gestion des complications de la Covid.
Les patients atteints de la Covid sont trois fois plus susceptibles de subir des complications s’ils ont également une maladie parodontale.
Selon la FEP, les personnes qui souffrent de parodontopathie doivent se montrer particulièrement vigilantes pendant la pandémie de Covid-19. Les risques de complications de la Covid étant significativement plus élevés chez les patients avec parodontopathie modérée à sévère par rapport à ceux avec parodontopathie plus légère ou sans parodontite.
Les résultats de l’étude indiquent qu’il existe un lien entre la maladie parodontale et une infection à la Covid, favorisant une hospitalisation voire un risque plus élevé d’admission en soins intensifs.
Parmi les 258 patients qui ont présenté une parodontopathie, 33 ont montré des complications de Covid tandis que seulement sept des 310 patients sans parodontopathie ont eu des complications.
Les personnes atteintes de maladie parodontale sont 3,5 fois plus susceptibles d’être admises aux soins intensifs, 4,5 fois plus susceptibles d’avoir besoin d’un respirateur et presque 9 fois plus susceptibles d’en mourir que celles qui ne présentent pas cette maladie.
Comment expliquer l’association entre parodontopathie et gravité de la Covid ?
Les résultats de l’étude démontrent que les marqueurs sanguins indiquant une inflammation dans le corps sont significativement plus élevés chez les patients atteints de la Covid qui ont une maladie parodontale par rapport à ceux qui n’en ont pas.
« Les résultats de l’étude suggèrent que l’inflammation de la cavité buccale pourrait ouvrir la porte à une augmentation de la violence du coronavirus« , déclare Lior Shapira, Président de l’EFP.
Les bactéries buccales agiraient comme un réservoir viral : l’inflammation de la cavité buccale pouvant ouvrir la porte à une augmentation de la violence du coronavirus et exacerber « l’orage de cytokine ».
Les chercheurs ont suggéré que ces bactéries pourraient aggraver la covid par l’introduction d’enzyme de conversion de l’angiotensine 2, un récepteur du SRAS-CoV-2 et des cytokines inflammatoires, dans les voies respiratoires inférieures.
Les bactéries présentes dans la bouche peuvent donc être également dangereuses pour les poumons des personnes infectées par le virus car les patients atteints de parodontite peuvent les inhaler et infecter leurs poumons, en particulier en cas d’intubation. « Cela peut contribuer à la détérioration des patients atteints de Covid-19 et augmenter le risque de décès » déclarent les chercheurs.
Ces derniers préconisent que le personnel hospitalier identifie les patients atteints de la Covid-19 et de parodontopathie pour leur donner des antiseptiques oraux en vue de réduire la transmission bactérienne.
Pour la Fédération européenne de parodontologie, si un lien de causalité était établi entre la maladie parodontale et l’augmentation des taux d’issues indésirables chez les patients atteints de Covid-19, «les soins bucco-dentaires devraient faire partie des recommandations de santé pour réduire le risque d’évolution grave de Covid-19.»