Soirée Inter URPS sur la prévention du HPV
M. JF BOUSCARAIN (Président URPS Infirmiers)- Dr P. JOURDAN (Président URPS Chirurgiens-dentistes)- M. P. SAUT (Président URPS Masseurs-kinésithérapeutes)- M. A. ROCH (Président URPS Orthoptistes)- Dr JC CALMES (Président URPS Médecins)- Mme F. PEDEBAS remplaçante de Mme C. CORUBLE-TRICHET (Présidente URPS Pédicures-Podologues)- Dr V. GARNIER (Présidente URPS Pharmaciens)- Dr M. MOULIS (Présidente URPS Biologistes)- Mme F.BERNADBEROY PRIDO (Présidente URPS Sages-femmes)-Mme A. ICHE (Présidente URPS Orthophonistes).
Le 7 mars 2024, les dix URPS d’Occitanie se sont réunies au Planet Ocean (Montpellier) pour aborder ensemble la prévention des infections et maladies liées à la contamination par papillomavirus humain (HPV).
Présents à cette occasion, Monsieur Pascal DURAND, Directeur du Premier Recours à l’ARS Occitanie, qui a rappelé que les professionnels de santé libéraux sont des acteurs importants en matière de prévention et Monsieur Philippe TROTABAS, Directeur Coordonnateur Régional de la Gestion du Risque de l’Assurance Maladie D’Occitanie, qui a souligné la forte mobilisation de l’Inter-URPS pour se saisir de ce sujet d’actualité qui pendant longtemps ne fut pas dans l’air du temps.
Pourtant, chaque année, il y a 6 400 nouveaux cas de cancers dus par HPV.
Cette soirée Inter-URPS aura permis de mettre en lumière l’importance de la vaccination et du lien existant entre papillomavirus et cancers oropharyngés, avec notamment, la présentation de l’infographie du groupe de travail Inter- URPS Santé Orale.
Les interventions du Dr Anke BOURGEOIS, vaccinologue au service des maladies infectieuses et tropicales du CHU Montpellier et de Madame Catherine CHOMA, Directrice de la Santé publique à l’ARS Occitanie, auront démontré l’intérêt de la vaccination HPV dès 11 ans chez les filles et les garçons. Avec un vaccin dont l’efficacité est à 90% et qui à une excellente tolérance, nous devrions parvenir à l’objectif de la couverture vaccinale à 80% d’ici 2030.
Si seulement 10% des parents refusent de faire vacciner leurs enfants, il convient de mettre en place des stratégies visant à impliquer tous les acteurs de santé qui permettront de rattraper le taux de vaccination actuellement insuffisant.
En ce sens, le Dr Sébastien BRUN, élu URPS Pharmaciens, a interpellé l’auditoire pour proposer l’instauration d’un bon de prise en charge qui garantirait un parcours organisé de la vaccination HPV.
La sensibilisation des parents pour les convaincre à faire vacciner leurs enfants est tout aussi primordiale. Fort est de constater que parler de sexualité et de vaccin HPV est parfois tabou. Madame Emilie GOUT-DELCLOS, élue URPS Infirmiers, a ainsi préconisé la formation de ses pairs à la vaccination HPV, et a su démontrer l’importance du rôle de proximité des infirmiers dans les messages à délivrer aux parents.
La coordination des professionnels de santé en structure d’exercice coordonné peut également permettre une forte dynamique et créer une culture positive de la vaccination. Riche de son expérience, Madame Catherine LLINARES-TRAPE, élue URPS Sages-femmes, nous a fait part de l’existence de consultations d’hésitation vaccinale menée par un pédiatre du centre hospitalier intercommunal du Val d’Ariège.
Monsieur Jean-Michel BRUEL, Président de la Commission Spécialisée dans les Droits des Usagers à la CRSA, a approuvé les propos de Madame LLINARES- TRAPE. Cependant, il a souligné l’importance d’associer les usagers dans les actions de sensibilisation et de communication de la prévention.
Faisant honneur à sa profession de biologiste médical, le Dr Richard FABRE a quant à lui eu la mission de rappeler que dans 90% des cas il y a une élimination spontanée du virus HPV. Néanmoins, lorsque celui-ci s’installe, son développement lent explique sa détection tardive. En citant les zones de localisation du développement du virus HPV (vulve, vagin, pénis, anus), le Dr FABRE a recommandé les dépistages réalisables car le préservatif ne protège pas suffisamment du virus HPV. Même si des recherches sont en cours, il n’existe pas à ce jour de dépistage biologique organisé pouvant déceler les lésions précancéreuses / cancer oropharyngé causé par HPV.
Ainsi, le Dr Philippe JOURDAN, Président de l’URPS Chirurgiens-dentistes, a sensibilisé ses confrères/consœurs sur leur rôle lors du dépistage clinique. Même si le pharynx n’est pas une zone accessible, les chirurgiens-dentistes réalisent toujours un examen minutieux (palpation, constat de lésions suspectes sur la langue…) qui permet d’orienter le patient vers d’autres professionnels de santé afin qu’il réalise des examens complémentaires. Le Dr JOURDAN rappelle également que sa profession peut apporter la bonne information aux parents lors des examens bucco-dentaires systématiques des jeunes.
Toute action est bienvenue pour tenter d’éradiquer le virus HPV surtout lorsque nous portons une attention particulière aux propos limpides du Pr Renaud GARREL, chef de l’unité de cancérologie des voies aérodigestives supérieures et laryngologie au CHU Montpellier.
Chaque jour, le Pr GARREL, soigne des cancers qui n’auraient jamais dû exister. Si jusqu’à présent, le cancer oropharyngé avait pour principales causes le tabac et l’alcool, il a constaté un changement épidémiologique avec une augmentation de ce cancer causé par HPV (aux Etats-Unis + 250% ces 20 dernières années). S’il reste très élevé chez l’homme, il l’est également chez la femme (désormais devant celui du col de l’utérus). En l’écoutant, les professionnels de santé présents ont pris conscience des lourdes séquelles à long terme pour les patients en traitement (radiothérapie, chimiothérapie, opération) même si la probabilité de survie est à hauteur de 80%.
Les conséquences sont aussi constatées par Madame Stéphanie TRICHOT, kinésithérapeute spécialisée en rééducation oro-maxillo-faciale au CHU Montpellier : fonte musculaire, isolement du patient, handicap fonctionnel important (parole) etc. Si la prise en charge pour ces patients est longue, l’importance de la coordination entre professionnels de santé est une piste nécessaire d’amélioration.
En ce sens, Madame Laura LICART, chargée de mission santé orale à l’URPS Orthophonistes, a expliqué l’accompagnement des patients notamment sur la reprise alimentaire : repasser peu à peu sur des aliments solides afin de leur permettre un retour à une vie sociale quasi-normale.
Pour aller plus loin
Infographie groupe de travail Inter-URPS