#Télémedecine bucco-dentaire. 3 questions à …

La pratique de la consultation à distance, pendant la crise sanitaire, a permis à de nombreux praticiens et patients de découvrir l’efficience de la téléconsultation. Mais saviez-vous que c’est à Montpellier, que le premier programme de télémédecine bucco-dentaire de France (et d’Europe !) a été lancé, il y a sept ans, sous la direction du docteur Nicolas Giraudeau ?

3 questions … au docteur Nicolas Giraudeau, maitre de conférences des Universités, praticien hospitalier au CHU de Montpellier, fondateur du programme e-DENT et de la start-up e-Dentech.

Qu’est-ce que le programme e-DENT ?

C’est un programme de télémédecine développé en 2014 par le CHU de Montpellier qui a pour objectif de permettre la réalisation de consultations bucco-dentaires à distance principalement à destination des personnes en perte d’autonomie, en situation de handicap, résidents d’EHPAD ou les détenus.

interview

Docteur Nicolas Giraudeau

L’idée de ce projet était simple : effectuer un diagnostic à distance pour que ces publics bénéficient de la même offre de soins dentaires sans distinction de leur lieu d’hébergement ou de leur état physique, psychique ou psychologique.

Au bout des 18 mois d’expérimentation financés par l’ARS Languedoc-Roussillon, plus de 800 actes avaient été effectués et aujourd’hui nous en sommes à 5.000 réalisés par le CHU de Montpellier.

Ce programme a pu émerger notamment grâce au soutien de l’URPS Languedoc-Roussillon (fusionnée depuis avec l’URPS Midi-Pyrénées pour former l’URPS Occitanie) et l’implication de plusieurs chirurgiens-dentistes libéraux dans ce projet innovant.

Comment ça marche ?

Concrètement, il faut une caméra intra-buccale, un ordinateur portable, un logiciel informatique, une transmission sécurisée et un serveur agréé par l’agence du numérique en santé pour le stockage des données.

La caméra a lumière fluorescente (Soprocare®) permet d’établir un diagnostic, en mettant en évidence les lésions carieuses et les inflammations gingivales. Ainsi le professionnel de santé qui enregistre les données (par exemple un infirmier formé à cette technique au sein d’un EHPAD) par cette caméra reliée à l’ordinateur, visionne et enregistre les images. Le logiciel permet alors de réaliser le schéma dentaire du patient et de préparer la téléconsultation qui sera réalisée par le chirurgien-dentiste à distance de façon asynchrone.

Une fois les images transmises, le chirurgien-dentiste pourra se connecter au serveur sécurisé pour prendre connaissance des informations du dossier médical, des clichés, des vidéos et des données relevées par le professionnel de santé auprès du patient. Ces informations lui permettront ainsi de réaliser une véritable consultation à distance et de décider si ce patient doit se rendre ou non dans un cabinet dentaire afin d’y recevoir des soins.

La crise de la Covid ayant fait exploser les téléconsultations, est-ce une opportunité pour la télémédecine bucco-dentaire…ou un effet de mode ?

Paradoxalement cette crise a mis en lumière de nombreux points négatifs. Beaucoup de programmes de télémédecine ont en effet émergé sans respect de la qualité clinique ou de la réglementation de la télémédecine et du respect des données personnelles à caractère de santé.

De surcroît, cette pratique (rendue possible par un décret de 2010) est en effet peu répandue au sein de la profession ; on observe même parfois, certains doutes de la part des chirurgiens-dentistes qui peuvent émettre des réserves sur la qualité clinique des examens par exemple.

Pour autant, le programme e-DENT a su démontrer que même hors temps de crise, les initiatives de téléconsultation permettaient une prise en charge plus aisée. Il est donc à souhaiter que la crise de la Covid lève un certain nombre de barrières et de craintes vis-à-vis de la téléconsultation bucco-dentaire.

La télé médecine bucco-dentaire, tel que le programme e-DENT, est un outil de santé publique territorial. Il a vocation à organiser et optimiser l’efficience des parcours de soins des plus fragiles. Notre ambition est d’ailleurs de l’étendre aux patients à problèmes socio-économiques et aux sans domiciles fixes.

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