Antibiotiques et odontologie

Le centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC), qui a pour mission de renforcer la protection contre les maladies infectieuses en Europe, organise chaque 18 novembre la Journée Européenne d’Information sur les Antibiotiques (European Antibiotic Awareness Day).

Elle a pour objectif de sensibiliser à la menace pour la santé publique que représente la résistance aux antibiotiques et de promouvoir l’utilisation prudente des antibiotiques.

Quelques chiffres

Selon le rapport de l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et de l’Institut de veille sanitaire (InVS) du 18 novembre 2014, la consommation française d’antibiotiques est supérieure d’environ 30% à la moyenne européenne.

La France est l’un des pays européens les plus consommateurs d’antibiotiques, au 4ème rang européen.

On estime chaque année à près de 160 000 le nombre de patients qui contractent une infection par un germe multirésistant en France.

En France chaque année, 5 500 décès sont liés à une infection résistante aux antibiotiques.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la résistance aux antimicrobiens est l’une des dix plus grandes menaces pour la santé publique auxquelles est confrontée l’humanité.

Les chiffres clés de la profession

D’après un rapport de la CNAM, paru le 13 juillet 2022, les chirurgiens-dentistes sont à l’origine de 12% des prescriptions d’antibiotiques en médecine de ville et environ 10% dans le monde.

L’amoxicilline est le premier antibiotique prescrit par les chirurgiens-dentistes : 56% des consommants (Source Améli).

Molécules

En deuxième et troisième position, on trouve les associations spiramycine-métronidazole et amoxicilline-acide clavulanique, alors qu’elles ne sont recommandées qu’en seconde intention.

Une analyse des prescriptions montre que les durées de traitement varient beaucoup selon les prescripteurs, alors que les recommandations préconisent 7 jours (sauf pour l’azithromycine).

Des études indiquent ainsi que 66 % des prescriptions en odontologie ne sont pas indiquées car elles ne répondent pas à une infection avérée ou à une situation nécessitant une antibioprophylaxie et que 19 % des prescriptions en 2021 sont des molécules peu recommandées en odontologie, molécules génératrices d’antibiorésistance (pristinamycine, doxycycline, spiramycine-métronidazole), assure le rapport de la CNAM.

Rappel de bonnes pratiques (Source Ameli)

L’antibiothérapie

  1. Prescrire une antibiothérapie face à une infection avérée.
  2. Une infection chronique ne doit pas être traitée à coup de cures d’antibiotiques itératives.
  3. Le geste étiologique prime et doit être associé à la prescription antibiotique dans la mesure du possible.
  4. Devant une infection en odontologie, dans la majorité des cas, une monothérapie suffit. Une réévaluation peut être réalisée à 48 heures.
  5. L’amoxicilline est la molécule de référence en odontologie.
  6. En cas d’allergies aux bêta-lactamines, la clindamycine est la molécule à choisir.
  7. La durée de traitement est de 7 jours (sauf pour l’azithromycine : 3 jours).
  8. Une douleur intense ne signifie pas systématiquement une infection : penser inflammation !

L’antibioprophylaxie

  1. Chez les patients immunodéprimés (diabète mal équilibré, insuffisance rénale chronique, traitement immuno-suppresseur/modulateur…), une antibioprophylaxie en dose unique est nécessaire avant les actes bactériémiques.
  2. La molécule recommandée pour l’antibioprophylaxie en odontologie est l’amoxicilline, à raison de 2 grammes en une prise dans l’heure qui précède le geste bactériémique.

Actions à venir

Pour sensibiliser les chirurgiens-dentistes au bon usage des antibiotiques en odontologie, l’assurance maladie vient de lancer une campagne spécifique à destination des praticiens avec le soutien des représentants de la profession, parmi lesquels l’Ordre et l’ADF. La CNAM va ainsi envoyer à chaque praticien son profil de prescription.

« Ce profil permettra d’analyser sa propre pratique et de mettre en œuvre les corrections nécessaires pour se rapprocher le plus possible des pratiques recommandées par l’ANSM », explique le rapport.

Les chirurgiens-dentistes « ayant un profil atypique » seront accompagnés par un praticien conseil. Les chirurgiens-dentistes de l’Assurance maladie rencontreront des praticiens (environ 20% des chirurgiens-dentistes de la région) pour recueillir leurs éventuelles difficultés d’analyse et les accompagner.

Pour aller plus loin

Rappel des règles de prescriptions

Rapport CNAM (Charges et produits 2023)

Etat des lieux de la consommation des antibiotiques et de l’antibiorésistance en 2021 en France